Par Jakob Straub
Mise à jour le July 29, 2024
Le romanche, c’est quoi ? Parlée principalement dans le canton des Grisons, en Suisse, cette langue romane est l’une des quatre langues nationales officielles du pays, aux côtés de l’allemand, du français et de l’italien. Bien qu’elle soit moins connue, le romanche représente un véritable trésor linguistique et culturel. Avec moins de 0,5 % de la population suisse la maîtrisant, elle est considérée comme une langue minoritaire. Malgré les défis liés à sa préservation, des efforts sont déployés pour la promouvoir et la transmettre aux générations futures. Dans cet article, vous allez tout savoir sur la langue romanche, la quatrième langue de Suisse.
Le romanche porte de nombreux autres noms : Romanche, Rumantsch, Romontsch, Rumantsch, Rumauntsch et Rumàntsch, car il existe cinq dialectes régionaux différents. Le romanche est une langue romane et la quatrième langue nationale de Suisse, où il est aujourd’hui parlé principalement dans le canton des Grisons ou Graubünden en suisse allemand.
Langue romane, le romanche descend du latin tel qu’il était parlé dans l’empire romain. Parmi les autres langues romanes, le romanche se distingue par l’important éloignement des régions où il est parlé. Le romanche présente une similitude de vocabulaire et parfois de syntaxe avec l’allemand du fait d’une interaction prolongée entre les deux langues.
Au sein des langues romanes, le romanche appartient à la branche gallo-romane, comme le français, le lombard et l’occitan. Certains linguistes placent le romanche dans le sous-groupe rhéto-roman des langues gallo-romanes, avec le frioulan et le ladin. Ces linguistes émettent l’hypothèse que les langues rhéto-romanes descendent toutes d’une langue commune. À l’inverse, certains estiment qu’elles présentent des similarités en raison de leur isolement géographique. Il est important de noter que le romanche, le frioulan et le ladin ne sont pas des dialectes de l’italien et que les Romanches identifient leur langue comme distincte de l’italien et des autres langues romanes.
Le romanche compte cinq dialectes, dont chacun possède une forme standardisée appelée “idiome” pour les distinguer de la langue locale. Les cinq idiomes romanches sont :
Le grison romanche ou rumantsch grischun est une langue artificielle, créée en 1982 par le linguiste zurichois Heinrich Schmid. Son objectif était de disposer d’une langue romanche standard commune, notamment pour la représentation dans les textes officiels. Il appartient toutefois à chaque institution de décider de l’usage qu’elle fait du grison romanche. Les Romanches n’utilisent généralement pas la langue artificielle mais leur propre dialecte.
Vers 15 avant J.-C., les Romains ont envahi et conquis la Rhétie, la région qui correspond actuellement aux Grisons. La combinaison du latin parlé par les soldats romains et de la langue indigène rhétique a donné naissance au romanche. Jusqu’au 15ᵉ siècle, le romanche était la langue principale de la région. À cette époque, l’État libre des Trois Ligues formait la première version du canton.
À la base, l’allemand était la langue principale du canton. Ce n’est que par la suite que le romanche s’est fragmenté en cinq dialectes, originaires des villages de montagne isolés de la région. Comme chaque dialecte avait sa propre version écrite, le romanche n’a pas évolué comme l’allemand ou le français en Suisse. Le canton a également encouragé l’utilisation de l’allemand, qui est aujourd’hui la langue dominante dans les Grisons.
Au Moyen Âge, la présence de locuteurs romanches s’étendait au nord jusqu’au lac de Constance. Aujourd’hui, les Grisons sont le canton connu pour ses locuteurs romanches. Le Vinschgau, dans le Tyrol du Sud, comptait des romanches jusqu’au XVIIe siècle, date à laquelle il est devenu germanophone. Ce que l’on appelle le territoire romanche traditionnel se trouve intégralement dans les Grisons : 121 communes dans lesquelles une majorité a déclaré le romanche comme langue maternelle lors des différents recensements suisses entre 1860 et 1888.
Dans ce territoire traditionnel, 66 communes déclaraient encore une majorité romanche en 2000. Dans 18 communes du territoire romanche traditionnel, la langue a disparu ou n’est plus parlée que par une faible minorité. Dans la région de la Surselva, près de 80 % de la population demeurent des locuteurs actifs. La langue est toutefois proche de l’extinction dans la région de la Sutselva. Dans la vallée de la Haute-Engadine, environ 30 % de la population sont romanches, tandis qu’en Basse-Engadine, ils forment la majorité avec 60 %. Le plus grand nombre de romanches en dehors de la région traditionnelle vit à Coire, la capitale des Grisons, et dans d’autres grandes villes de Suisse.
Les quatre langues de la Suisse sont le suisse allemand, le français, l’italien et le romanche. Mais chaque canton peut décider seul laquelle de ces quatre langues doit avoir le statut de langue officielle. Au niveau de l’administration fédérale, les quatre langues sont officielles. Pour sa part, le canton des Grisons a fait du romanche une langue officielle.
Un référendum de 1938 a accordé au romanche le statut de langue nationale avec une majorité écrasante de 90 % des voix. Plus important encore, un référendum de 1996 a fait du romanche une langue officielle partielle : aujourd’hui, il représente la “langue officielle pour la correspondance avec les personnes de langue romanche”. Les citoyens parlant le romanche peuvent donc s’adresser à l’administration fédérale dans n’importe quel dialecte romanche et recevoir une réponse en grison romanche.
Impressionnez vos amis suisses, romanches ou linguistes avec ces faits amusants sur la quatrième langue de Suisse :