Par Audrey Sivadier
Mise à jour le October 15, 2024
La poésie est un des moyens les plus profonds pour exprimer ses émotions. Alors quoi de mieux que d’utiliser le français, la langue de l’amour, pour le faire ? Vous voulez découvrir les plus beaux poèmes français pour en savoir plus sur cette langue, ou pour en réciter un à l’être aimé ? Alors, vous êtes sur le bon blog !
Il est considéré comme l’un des écrivains les plus importants de la littérature française. Outre les romans que le monde entier connaît (Notre-Dame de Paris ou les Misérables), il est aussi dramaturge et poète. Le poème bien connu des Français, puisqu’ils l’apprennent tous à l’école, est « Demain dès l’aube » publié en 1856. Victor Hugo l’écrit dans un contexte tragique : il vient de perdre sa fille Léopoldine. Après ce recueil, il ne produira plus aucune œuvre jusqu’à son exil. Voici le début de ce poème dédié à sa fille :
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Le poème est écrit de manière classique – en alexandrin – c’est-à-dire que tous les vers font 12 pieds (≈syllabes), et les rimes sont croisées (ou alternées).
Retour à la Renaissance française avec Pierre de Ronsard qui écrit en 1545 « Mignonne, allons voir si la rose », un poème dédié à la fille d’un banquier italien, Cassandre, qu’il vient de rencontrer alors qu’il a 20 ans, et elle 13 ans… Ronsard décrit la jeunesse qui passe comme la vie d’une fleur. Cette réflexion sur le temps qui passe, la mort, est typique de cette époque. Voici un extrait (en français moderne) :
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait éclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée,
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.
Avançons dans le temps, jusqu’à Arthur Rimbaud où il écrit en 1870 « Le dormeur du val » un de ses poèmes les plus célèbres. En relation (interdite) avec un autre célèbre poète français, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud a 16 ans lorsqu’il écrit ceci. Le poème est remarquable dans sa maîtrise de la versification. Il s’agit d’un sonnet : un poème composé de deux quatrains (paragraphe de quatre vers) et deux tercets (paragraphes de trois vers), et les vers sont encore en alexandrin. Il y décrit admirablement un contraste terrible entre le doux paysage et la chute surprenante. Regardez par vous-même :
C’est un trou de verdure où chante une rivière
Accrochant follement aux herbes des haillons
D’argent ; où le soleil, de la montagne fière,
Luit : c’est un petit val qui mousse de rayons.
Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,
Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,
Dort ; il est étendu dans l’herbe sous la nue,
Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.
Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant comme
Sourirait un enfant malade, il fait un somme :
Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.
Poète du XXème siècle, Guillaume Apollinaire a révolutionné la poésie française en transgressant les versifications classiques. Il est notamment l’auteur des Calligraphies, ces poèmes-dessins qui prennent la forme du thème qu’ils abordent. Le poème le plus connu d’Apollinaire est « Le pont Mirabeau », où il décrit la disparition de l’être aimé en la comparant avec la Seine, le fleuve qui coule à Paris.
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Beaucoup d’artistes l’ont repris en chanson, vous pouvez écouter Serge Reggiani ou Marc Lavoine.
Impossible de parler de poésie française sans parler de Charles Baudelaire. Contemporain d’Arthur Rimbaud, il fait partie des poètes qui se sentent maudits et déversent leur mal-être dans leur œuvre. Son poème le plus connu est « L’Albatros », où il parle de la figure du poète dans la société, mal aimé et incompris.
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.
À peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Vous connaissez maintenant les poèmes français les plus célèbres ainsi que leurs écrivains et les règles de versification classiques. Alors pourquoi ne pas vous lancer ? Et en français s’il vous plaît !