Par Audrey Sivadier
Mise à jour le January 3, 2024
Pourquoi se tourner vers les poèmes pour améliorer son anglais ? Si vous êtes débutant.e en anglais, vous trouverez non seulement de nouveaux mots de vocabulaire à apprendre, mais aussi des rimes qui faciliteront leur mémorisation. D’un côté pratique, les poèmes sont généralement plus courts que les livres : il est plus facile de se motiver à lire un court poème chaque jour que de s’attaquer à un
livre. Et lorsque vous lisez de la poésie à voix haute, vous pratiquez également votre prononciation. Enfin, on sait que les poètes aiment jouer avec les normes de la grammaire et enfreindre ses règles. Pour un apprenant avancé, la poésie peut être une façon d’observer le talent d’un écrivain. C’est pour toutes ces raisons que nous avons sélectionné pour vous, cinq poèmes en anglais accompagnés de leur traduction.
Ce poème américain, écrit et publié en 1920 par Robert Frost, traite de la façon dont le monde s’éteindra, en faisant jouer les contraires : le feu et la glace. Il aurait été grandement inspiré par « l’Enfer » de Dante, notamment dans les descriptions de l’enfer (décrit comme ayant neuf anneaux et Fire and Ice étant un poème de neuf vers). « L’Enfer » décrit également les aspects les plus profonds de l’enfer comme étant à la fois brûlant de flammes et submergé de glace incassable.
Les fans de Twilight auront reconnu le poème cité dans le tome 3 de la saga.
Some say the world will end in fire, Some say in ice. From what I’ve tasted of desire I hold with those who favor fire. But if it had to perish twice, I think I know enough of hate To say that for destruction ice Is also great And would suffice. | Certains disent que le monde finira dans les flammes, D’autres dans la glace. Le désir ayant embrasé mon âme, Je suis de ceux qui penchent pour les flammes. Mais s’il fallait que deux fois il trépasse Je crois connaître assez la haine Pour dire que dans ce domaine La glace serait tout aussi souveraine Et efficace. |
Dans son poème publié en décembre 1922, Langston Hughes utilise la métaphore de l’escalier pour aborder les difficultés et les dangers auxquels on peut être confrontés dans la vie. Les thèmes principaux sont la détermination et la sagesse. Raconté du point de vue d’une mère qui s’adresse à son fils, ce poème est universel et résonne toujours aussi juste 100 ans après.
Well, son, I’ll tell you: Life for me ain’t been no crystal stair. It’s had tacks in it, And splinters, And boards torn up, And places with no carpet on the floor —Bare. But all the time I’se been a-climbin’ on, And reachin’ landin’s, And turnin’ corners, And sometimes goin’ in the dark Where there ain’t been no light. So boy, don’t you turn back. Don’t you set down on the steps’ Cause you finds it’s kinder hard. Don’t you fall now— For I’se still goin’, honey, I’se still climbin’, And life for me ain’t been no crystal stair. | Eh bien mon fils, je vais te dire quelque chose : La vie ça n’a pas été pour moi un escalier de verre. Il y a eu des clous, Des échardes, Et des planches défoncées, Et des endroits sans moquettes, A nu. Mais quand même, Je grimpais toujours, Je passais les paliers, Je prenais les tournants, Et quelquefois j’allais dans le noir Quand y avait pas de lumière. Alors mon garçon faut pas retourner en arrière. Faut pas t’asseoir sur les marches Parce que tu trouves que c’est un peu dur. Et ne va pas tomber maintenant… Parce que, mon fils, moi je vais toujours, Je grimpe toujours, Et la vie ça n’a pas été pour moi un escalier de verre. |
Comment parler de poèmes anglais sans mentionner Shakespeare ? Si vous cherchez un poème d’amour en anglais, Shakespeare livre dans son sonnet 130 une déclaration d’amour originale. Au 17ᵉ siècle, la mode est à la comparaison des personnes aimées avec des éléments naturels pour les valoriser. Ici, Shakespeare prend la direction opposée en s’amusant à dénigrer sa maîtresse et inverse ainsi les conventions poétiques. Il utilise des comparaisons farfelues pour la décrire. Il conclut en expliquant qu’il aime la dame telle qu’elle est déjà, sur un plan réel (non poétique). Elle n’a rien d’étincelant ou de glorieux dans son apparence, et pourtant Shakespeare considère leur relation comme exceptionnelle.
My mistress’ eyes are nothing like the sun; Coral is far more red than her lips’ red; If snow be white, why then her breasts are dun; If hairs be wires, black wires grow on her head. I have seen roses damasked, red and white, But no such roses see I in her cheeks; And in some perfumes is there more delight Than in the breath that from my mistress reeks. I love to hear her speak, yet well I know That music hath a far more pleasing sound; I grant I never saw a goddess go; My mistress, when she walks, treads on the ground. And yet, by heaven, I think my love as rare As any she belied with false compare. | Les yeux de ma maîtresse au soleil ne ressemblent, Le corail est plus rouge que ne le sont ses lèvres, Et si la neige est blanche, ma foi, son sein est brun ; Ses cheveux sont des fils, mais fils noirs et non d’or. La rose de Damas, je l’ai vue rouge et blanche, Mais je ne vois pareilles roses sur ses joues ; Et il est des parfums bien plus délicieux Que l’haleine exhalée, impure, de ses lèvres. J’aime entendre sa voix et je sais bien pourtant Que plaisent davantage les sons de la musique. Je n’ai vu, je l’avoue, marcher une déesse ; Ma maîtresse en marchant a les pieds sur le sol. Mais, par le ciel, mon amour à mes yeux vaut bien Toute femme affublée de fausses métaphores. |
Voici un très court poème d’une des poétesses américaines les plus connues du 19ᵉ siècle : Emily Dickinson. Elle a écrit plus de 1800 poèmes mais n’en a publié qu’une douzaine de son vivant. Elle est surnommée la “Reine recluse” par ses contemporains car elle s’enferme très jeune chez elle, et vit ses amitiés seulement par correspondance. De ce fait, la solitude, ainsi que les plaisirs et les peines qui y sont associés, est l’un des sujets les plus courants chez Dickinson (tout comme la mort, l’amour et la santé mentale). Ici, elle nous livre sa réflexion sur le pouvoir des mots.
A word is dead When it is said, Some say. I say it just Begins to liveT hat day. | Un mot est mort quand il est dit disent certains. Moi je dis qu’il commence à vivre de ce jour là. |
Publié en 1794, c’est l’un des poèmes les plus connus du poète anglais William Blake. Habituellement lu après « The Lamb » (l’agneau), William Blake y décrit ici le tigre, animal à la fois beau et cruel. Il se demande si cette œuvre est une création de Dieu ou du diable. C’est une manière habile de questionner la nature profonde de l’homme qui est, lui aussi, partagé entre beauté et cruauté, un combat permanent des contraires.
L’orthographe de tyger est volontairement modifiée (tiger > tyger) pour faire écho à d’autres mots contenant la lettre “y” dans ce poème. William Blake utilise aussi cette graphie pour inclure son texte dans une superbe illustration.
Tyger Tyger, burning bright, In the forests of the night; What immortal hand or eye, Could frame thy fearful symmetry? In what distant deeps or skies. Burnt the fire of thine eyes? On what wings dare he aspire? What the hand, dare seize the fire? And what shoulder, & what art, Could twist the sinews of thy heart? And when thy heart began to beat. What dread hand? & what dread feet? What the hammer? what the chain, In what furnace was thy brain? What the anvil? what dread grasp. Dare its deadly terrors clasp? When the stars threw down their spears And water’d heaven with their tears: Did he smile his work to see? Did he who made the Lamb make thee? Tyger Tyger burning bright, In the forests of the night: What immortal hand or eye, Dare frame thy fearful symmetry? | Tigre, tigre, feu ardent Des bois du fond de la nuit Quelle main, quel œil hors du temps Osèrent ton orde symétrie ? De quel antre ou de quels cieux Jaillit le feu de tes yeux ? Sur quelle aile osa-t-il partir ? Et de quelle main le brandir ? Par quel art, quelle vigueur Bander les arcs de ton cœur ? Et quand ce cœur se mit à battre, Quelle main ? Quelle marche opiniâtre ? Quelle chaîne ? Quel marteau ? Où fut forgé ton cerveau ? Quelle enclume ? Quelle horrible peur Osa contraindre ses terreurs ? Quand des étoiles churent les armes, Quand le Ciel fut bain de leurs larmes, A‑t-il vu son œuvre et souri ? Lui qui fit l’agneau, t’a‑t-il fait aussi ? Tigre, tigre, feu ardent Au fond des bois de la nuit Quelle main, quel œil hors du temps Ont osé ton orde symétrie ? |
Lire, écouter, réciter des poèmes en anglais permettent de développer de nombreuses compétences et connaissances linguistiques : le vocabulaire, la prononciation, la compréhension. Ils nous ouvrent également à toute la culture anglophone. Et si les poèmes ne vous ont pas convaincu, vous pourriez vous laisser tenter par un autre type de texte en anglais.